Saison 2 N°08 De bouche à oreille Il était une fois: La belle au bois rêvant de Catulle MENDES
23 février 2014 à 14h43 - 6690vues
Après les péchés capitaux, ce deuxième volet intitulé « Il était une fois… » vous fera voyager au pays merveilleux des fées avec des contes que vous (re)découvrirez au fil de ces lectures.
On a retenu principalement le nom de Charles Perrault, en France, mais de célèbres écrivains ont goûté à ce genre où on ne les attendait pourtant pas : Jean-Jacques Rousseau, Voltaire, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Emile Zola, George Sand, Apollinaire, Cocteau…. Et si l’on trouve souvent différentes versions du même conte, y compris dans différents pays (on connaît aussi les contes des frères Grimm en Allemagne ou ceux d’Andersen au Danemark, entre autres) c’est parce que ces auteurs n’ont fait que fixer une longue tradition orale qui existait bien avant eux. Les contes, œuvres de sagesse, dans la tradition populaire étaient des histoires racontées autant aux adultes qu’aux enfants, et transmis de bouche à oreille.
Genre littéraire très en vogue dans les salons parisiens à la fin du XVIIème siècle, ces contes deviennent un véritable jeu de cour à l’époque. Si Charles Perrault a mis le genre à la mode dans « Les contes de ma mère l’Oye » en 1695, Mademoiselle l’Héritier (la nièce de Perrault), Madame d’Aulnoy, et d’autres précieuses ont largement contribué à leur succès. Dans la bataille qui opposent les Anciens et les Modernes, Perrault (chef de file des Modernes, qui veulent introduire des formes artistiques nouvelles) veut démontrer que la tradition orale populaire est supérieure à l’influence de l’antiquité (que prônent les Anciens) et pour leur donner un caractère pédagogique, ajoute souvent une morale à ces histoires (morale qui n’existe pas toujours dans les contes d’origine, qui d’ailleurs étaient parfois beaucoup plus violents que dans la version figée par l’écriture).
Nous ferons ce voyage fantastique en compagnie d’auteurs français du XVIIème siècle (Charles Perrault, Madame d’Aulnoy, Fénelon, Mademoiselle l’Héritier….) du XVIIIème siècle (Monsieur de Moncrif, Rousseau….), du XIXème (Balzac, Gérard de Nerval, Alexandre Dumas……), du début du XXème (Anatole France, Apollinaire). Un long voyage à travers les âges ……
Bien qu’il eût été logique de commencer ce cycle de contes par les tous premiers, écrits au XVIIème siècle, par Charles Perrault notamment, et de suivre une chronologie scrupuleuse, c’est avec Gérard de Nerval que je voudrais inaugurer cette série car la conclusion du conte que j’ai choisi, La reine des poissons (1850), me semble un très bon préambule à toutes les lectures qui suivront. En effet, ceux grâce à qui une tradition orale populaire a pu traverser les âges, n’ont-ils pas fait comme le dit Nerval « une foule de petits chefs-d’œuvre qui se perdent de jour en jour avec la mémoire et la vie des bonnes gens du temps passé » ?
Et avant d’aborder, de manière chronologique cette fois, les œuvres de conteurs moins connus que Charles Perrault, c’est avec lui, un des tous premiers à mettre par écrit ces témoignages de sagesse populaire, que nous poursuivrons le voyage dans le monde merveilleux des fées. Je vous proposerai 5 contes de Charles Perrault dont on trouve d’autres versions (parfois bien différentes) et il m’a semblé intéressant de les associer.
Le premier sera Les souhaits ridicules écrit en vers en 1693, dont le thème sera repris en 1756 par Madame Leprince de Beaumont dans Le conte des trois souhaits.
Le second sera Riquet à la houppe, paru en janvier 1697. Je vous lirai aussi Riquet à la Houppe de Mademoiselle Bernard paru quelques mois avant, en 1696 (à cette époque aussi, la compétition devait être redoutable !) et, avec quelques variantes dans le traitement du thème, Le prince spirituel écrit en 1756 par Madame Leprince de Beaumont.
Le troisième sera La belle au bois dormant paru en 1696 que Catulle Mendès a repris avec un merveilleux humour décalé dans La belle au bois rêvant en 1888.
Le quatrième conte de Charles Perrault sera La barbe bleue (1697) ; Anatole France nous en a donné un point de vue bien différent dans Les sept femmes de la barbe bleue, en 1908.
Enfin, Cendrillon (1696) avec des reprises plutôt méconnues et étonnantes : Théodore de Banville dans le charmant Georgette et Zozo et Guillaume Apollinaire qui en a écrit une suite originale et inattendue dans La suite de Cendrillon ou le rat et les six lézards (paru en 1919, un an après sa mort).
Et si vous n’êtes pas lassés, Madame d’Aulnoy, Fénelon, Mademoiselle L’Héritier, Mademoiselle de La Force, Madame de Murat, Le Chevalier de , Mailly, Monsieur de Moncrif, Madame de Lintot, Madame de Villeneuve, Madame Fagnon, Jean-Jacques Rousseau, Monsieur Coypel, Charles Nodier, Honoré de Balzac, La contesse de Ségur, Alexandre Dumas, Emile Zola, George Sand, Alphonse Daudet, Charles Deulin, Pierre Weber pourront eux aussi nous servir de guides dans ce voyage.
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