Tapis volant N°05 ou regard de psychanalyste sur les dessins animés. L'Adolescence et l'âge adulte
31 mars 2013 à 00h29 - 7456vues
L’ADOLESCENCE
Les adultes ont le devoir de conserver aussi longtemps que possible une sécurité environnementale pour l’enfant. A l’adolescence, processus qui commence avec la puberté et la reviviscence de l’Œdipe pour se terminer par des prises de décisions qui signent l’entrée dans le monde des adultes, la sécurité de l’ « ex enfant /futur adulte » consiste en l’assurance d’une présence aimante prête à la communication, ni passive ni trop interventionniste.
Vous avez dit parfaite, la présence ? Mais oui, bien sûr c’est évident et surtout très facile !
Le processus de maturation de l’enfant passe par les phases de structuration évoquées plus avant pour en arriver à la dernière, peut-être la plus longue, en tout état de cause, la plus douloureuse. Elle se termine par l’explosion des identifications récoltées tout au long de l’enfance. En effet, le Moi de l’enfant s’étant formé par identifications multiples aux caractéristiques qu’on voulait bien lui prêter, il doit, pour s’en sortir, faire voler en éclats ces prés supposés qui l’emprisonnent (le lieu de l’Autre). Faisant éclater le carcan qui l’aliène il doit reconstituer, par des choix (prétendument) plus libres, une identification à lui-même, incluant l’intégration des fondamentaux de la loi humaine. L’adolescence est, pour certains, comme l’enfance, jamais complètement terminée mais elle l’est souvent suffisamment pour permettre l’adaptation à la vie adulte.
- En crise, l’adolescence ?
Classique ou « en crise », l’adolescence nommée d’ailleurs actuellement « crise d’adolescence » tant la crise est de rigueur, demande de la part des adultes qui l’accompagnent, des retrouvailles avec les souvenirs de leur propre adolescence pour qu’ils ne l’enferment pas dans un « jugement » (qui est l’étymologie de Krisis) qui peut la faire passer de difficile à pathologique. En effet, il est très difficile de « juger » dans certaines « crises » très violentes, qui ne sont pas rares, s’il s’agit d’un processus d’entrée dans la psychose ou un éclatement salutaire de la structure infantile trop pathogène, pour une reconstruction adulte et (jamais complètement) libre du puzzle.
Ce qui est certain en effet, c’est que l’adulte qui est dans le périmètre en attente de communication doit pouvoir intervenir par sa présence vigilante, son écoute et son soutien lorsque le jeune se met en danger dans ses explorations qui sont preuves de sa pulsion de vie et de son intelligence. De même lorsque sa pulsion de vie, qui devrait transformer son agressivité saine en lien social, reste centrée sur lui, dans un univers où les seules stimulations viennent d’écrans ou de machines, sans parole d’un vrai humain animé par sa propre pulsion de vie et pouvant se remémorer sa propre adolescence, sans fioriture ni faux semblants.
Protéger se décline suivant les circonstances en être simplement présent, discuter, observer, accompagner, interdire. Cependant, faisant confiance à la vie qui est en marche dans le jeune, peu à peu le surmoi s’installe et, fort des interdits qu’il a lui-même intégré, il se protège seul, vers la fin de l’adolescence, à l’aube du passage à l’adulte.
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